Une architecture créative, contemporaine et ancrée dans le style local
La longue carrière de l’architecte Christophe Valvekens, entamée en 1992, lui a permis d’acquérir une grande expérience des techniques de construction, tant au niveau national qu’à l’échelle internationale. Partant d’une architecture plutôt « formelle » à ses débuts, il a su affiner son style et sa démarche créative au gré de nombreux projets aussi beaux qu’emblématiques. Avec un principe immuable en trame de fond : créer une architecture moderne et locale.
L’année 1992 marque les débuts de la carrière de Christophe Valvekens. Jeune stagiaire, il travaille, sous la direction de son maître de stage, sur un beau projet à Uccle, à savoir un lotissement de cinq villas et d’un petit immeuble à appartements, qui s’est vu octroyer un prix d’urbanisme de la Région bruxelloise. Après quelques années d’expérience au cours desquelles il s’est familiarisé avec l’utilisation des blocs Ytong, non pas comme simple cloison, mais comme élément de la maçonnerie en gros œuvre, il reforme le binôme très complémentaire avec son ancien maître de stage pour lui apporter ses connaissances dans la conception sur ordinateur. À l’époque, un grand projet de quelque 88 appartements et 10 maisons dans une rue typiquement bruxelloise témoigne déjà de sa volonté de rompre avec la monotonie architecturale pour tendre vers une conception homogène mais très rythmée, avec des façades toutes différentes.
Vers le début des années 2000, en quête d’une certaine notoriété, Christophe Valvekens participe avec fruit à plusieurs concours d’architecture. Toutefois, à l’entame de la décennie suivante, les projets s’enchaînent et se ressemblent, si bien qu’une certaine routine s’installe. C’est à ce moment, en 2012 précisément, qu’il rencontre sa future épouse à Dubaï. Lorsque celle-ci décide de renouer avec ses racines californiennes, il la rejoint sans hésiter à San Francisco. Très vite, il se fait engager par un petit bureau d’architecture local. « Le bureau était implanté dans les quartiers chics au nord de San Francisco. Le style de construction américain est plutôt classique, avec des moulures et des accents européens. Classique, mais aussi très décoratif, à la façon d’un décor de cinéma. Les clients appréciaient mon côté « technicien » et les projets de villas luxueuses de quelque 2 000 à 4 000 mètres carrés m’ont permis de mettre à profit toute ma créativité et mon expérience », confie Christophe.
« J’ai ensuite travaillé pour un bureau d’architectes plus grand et réputé, actif sur tout le territoire américain. J’y ai appris toutes les techniques de construction et j’ai eu l’opportunité de collaborer pendant près d’un an sur un énorme projet de bâtiments pour un vignoble en Uruguay », poursuit-il. De retour en Belgique avec ce remarquable bagage technique, il met à profit toutes ces expériences dans ses projets, tout en restant fidèle à une architecture très contemporaine et plus locale.
« En ce qui concerne le style, les premières années, je me suis beaucoup inspiré de l’architecture de Mario Botta. Mais je me dois de suivre les évolutions techniques et réglementaires, de plus en plus strictes. Dès lors, chaque projet implique une remise en question », témoigne Christophe. En effet, l’architecte doit relever le défi de composer avec les réglementations et les normes, aussi bien nationales qu’européennes, qui visent à optimiser l’utilisation des matières premières et à tendre vers une circularité maximale. « Dans ce contexte, je travaille actuellement sur un projet qui prône l’intégration de matériaux 100 % recyclables, selon le principe « cradle-to-cradle », et le recours aux techniques de chauffage et de ventilation les plus avancées. L’influence de l’IA est formidable elle aussi, car elle permet d’obtenir rapidement des résultats pertinents pour le calcul de l’insonorisation, de la luminosité, etc. Un bâtiment est avant tout un concentré de technologies qui doivent interagir à la perfection. Cependant, par essence, le cœur de tout projet est et reste la réponse aux besoins du client, dans la rénovation comme dans les nouvelles constructions. C’est justement l’une de mes forces. »
Le projet de rénovation de la ferme de Redu, entamé en février 2022, porte sur un ancien bâtiment de ferme du 17e siècle, qui a été agrandi au fil du temps, la dernière annexe datant des années cinquante. Le bâtiment, imposant, couvre 350 mètres carrés au rez-de-chaussée et 285 mètres carrés à l’étage. Le propriétaire actuel, professeur d’université, a hérité du bâtiment au décès de ses parents, anciens fermiers. Désireux de conserver ce pied-à-terre ardennais, il souhaitait procéder à une rénovation en profondeur jusqu’au niveau de PEB A, en préservant le cachet authentique et local de la demeure. Christophe commente le projet : « Le propriétaire veut notamment y créer un jardin d’hiver pour expérimenter certaines cultures et planter des arbres fruitiers et des espèces végétales anciennes, et aménager la partie qui était anciennement celle des étables pour recevoir ses étudiants lors de séminaires. La volonté est de restaurer autant que possible à l’identique, de récupérer au maximum les matériaux existants – comme la charpente en bois, les colombages, les revêtements en dallage ou les planchers –, d’utiliser uniquement des matériaux naturels pour l’isolation, la toiture et les finitions, et d’y apporter la touche de modernité nécessaire en recourant aux dernières techniques en vigueur. »
Techniquement, il s’agit donc d’un projet très complexe. En fin de compte, le résultat doit conserver le charme ardennais, mais dans une enveloppe plus moderne. À cette fin, quatre puits de 100 mètres de profondeur ont été creusés pour la géothermie et ses pompes à chaleur, quatre citernes de 10 000 litres ont été prévues pour les besoins en eau du potager, une mini-station d’épuration a été installée et la toiture a été surmontée de panneaux solaires.